Ça grouille dans l’autre monde elle observe en jubilant ces gluantes explosions Feu d’artifice de vie en décomposition Derrière la lunette de son microscope les bactéries bataillent délicieusement dégoûtantes La mort n’est qu’un langoureux ballet Et quelle merveille que cette ultime représentation-là Ces petits mouvements larvés comme emprunts d’une gracieuse impulsivité Signes empoisonnés se repaissant avides de la prétendue pureté humaine Miraculeuse armée venimeuse dont elle admire la purulente lutte Tuez, mes chers petits soldats, et mourrez.
Coup d’œil à la pendule – il est tard, bien évidemment Elle est seule dans le laboratoire – on entend rien, il n’y a rien à entendre, le vide est hanté par le délicieux bruit du silence Car après minuit c’est le rôle des spectres que de dédaller aux frontières Le jour et la nuit ; la vie et la mort Les non-lieux sont les royaumes des fantômes.
Soudain, le néant enfle doucement, bousculé légèrement par un écho qui se glisse, non loin de là La symphonie d’une marche – quelqu’un approche Dans sa poche, ses doigts rencontrent l’harmonieuse silhouette de son scalpel La froideur confortante en caresse blessante contre sa paume lui rappelle qu’il faut toujours sourire aux démons nocturnes
Mais à la lueur impitoyable des néons – apparaît un ange Son auguste beauté est mangée sans pitié par la cruelle luminosité des ampoules blafardes Une chevelure blonde de reine de Sabbat Des courbes tracées à la vertu de Rahab Ses lèvres pulpeuses comme le vice pour mieux susurrer, sans doute, ta messe de minuit
« Ricky, ça n’est que toi ! »
Scalpel tendu lascif entre ses phalanges, droite comme la croix, elle sourit
« Qu’est-ce que tu fais ici, mon ange ? »
Elle n’est ni surprise, ni fâchée Ricky – son poison adoré ronge divinement sa patience – acide sucré dont elle se pique de voir brûler (c'est la jouissance de la dévastation)
« Il est tard. Tu devrais rentrer. »
Va-t’en, reste Viens me dévaster Afin que je te ravage en retour, mon ange bien-aimé.
Emploi/loisirs : Mannequin et danseuse au Moulin Rouge
Espèce : Ange
Jeu 1 Juin - 22:39
Poison body
Pourquoi ce soir, pourquoi ici, pourquoi Kamilla? Il y a des questions auxquelles il ne vaut mieux pas répondre. Parfois, se laisser guider par son coeur et pas par sa raison, c'est la meilleure des choses à faire. Je sais pourquoi je suis là. Mais je ne sais pas pourquoi je le fais. Pourquoi je ne garde pas ça pour moi, pourquoi si soudainement cette envie est incommensurable, incontrôlable. Mais me voilà, petite angelette, à se régaler de la présence de ce fantôme de minuit. Je ne dis rien quand elle m'accueille, je reste statique, à l'entrée, à la fixer. C'est un jeu qui commence, des hanches qui se roule alors que je m'avance.
"Non je ne suis pas fatiguée...j'ai du mal à dormir en ce moment pour tout t'avouer...j'ai quelque chose sur le cœur qui m'en empêche, Kamilla." Je passe mes doigts sur la table en aluminium où la lune se reflète, contact froid, un peu comme toi, et pourtant si délicieux. "Tu vois le genre." Bien sûr que non, pas tant que je ne t'aurais pas dit. Et je m'arrête enfin, dans cette marche sensuelle, un peu provocatrice quand j'atteins tes côtés, que je suis capable de sentir son souffle, devant toi, les yeux dans les tiens.
"Mais il est tard pour toi aussi...tu devrais rentrer. Chez moi si tu veux, j'ai fait du gâteau au chocolat, sans sel, pour que tu puisses en manger" Un sourire, angélique, qui pourtant cache bien des confessions. Mais viendront-elles quand il sera le temps. Dès lors, la cloche n'a pas sonné, je peux voguer à ce flirt habituel, innocent, à qui dépend le point de vue.
O stériles idoles vous le savez – j’aime à me repaitre de votre douceâtre agénésie je m’emplis fidèle à vie de votre délicieux vide consacré laisse saigner sur le bout de ma langue l’apathie nécrosée de mes désirs infâmes dont vous découlez infâmes liqueurs d’amour gangrénées – quel délice n’est-ce pas – que la sainte infamie de nos émois en décomposition Mais – pardonnez-moi o mes fétiches – d’en vouloir ce soir à l’existence-même entre deux festins de mort parfois j’aspire aussi à la chair fraîche et comment ce soir refuser le verre de vin qui m’est apporté tendu à deux mains par le ciel personnifié – je boirai à sa coupe le sang exquis de l’être ( honni) aimé
Elle s’avance mon fétiche saint rejet de sage retable – qu’importe ; je prendrai soin de cette image
Ses doigts en perdition caressent la grimace lunaire que vomit la nuit rancunière je l’attends l’angélique diablesse – quel pêcher confesseras-tu ce soir mon ange ? dis-moi quel ennui trouble la pureté de ton sang innocent ? Tu le sais (amour) que tu peux te confier (à moi) (si tu me laisses y goûter) je rendrai à ta sève enivrante l’authenticité délicieusement vermeille de son alléchante chasteté
« ooooh ma pauvre, pauvre Ricky… »
C’est à cela que tu veux jouer ? Très bien – ma séraphine félicité – si c’est ce que tu souhaites je te ferai danser – laisse-moi prendre ta main (prière) laisse-moi te toucher (blasphème) – il suffit de suivre le rythme cantique de mes pas Ricky il suffit de ne pas résister de te laisser (em)porter par le rythme de l’obscurité je te le promets – ma séraphique jouissance – je serai tendre et douce et sage pour toi mon angelot innocent – et je t'apprendrai – que si on (l')embrasse avec suffisamment d'affection – toute douleur à sa part de douceur – ô ma fertile idole …
« Tu sais bien que j’ai du travail mon ange… »
je me détourne de ton heureuse bénédiction puisque mon baptême est de vices putréfiés – ne sais-tu donc pas Ricky – qu’ici c’est l’Enfer – que nos béatitudes s’ouvrent licencieuses à tous les sacrilèges – que nous autres créatures oubliées des cieux l’on se délecte jusqu’à plus soif de tous ces souhaits exquisément putrides que ton Dieu nous abandonne – ici c’est l’Enfer – va-t’en ma belle – mais je t’en prie, reste
« Et puis je n’aime pas le chocolat. Ca fait grossir. »
Pour se détruire il y a bien d’autres gourmandises plus désirables (Derrière la vitre du microscope s’achève une sublime bataille)