Caractère:

il s’échappe de ses lèvres
ce cri de colère ; celui qui reflète sa rage qui bouillonne en elle.
parce qu’elle en a à revendre ; cette haine qu’elle a accumulée.
qui s’est installée progressivement ; entre l’ignorance et le rejet présents dans le domicile familial.
depuis bien trop longtemps, elle reste là, à lui dévorer les entrailles. la ronge de l’intérieur. la colère est un peu comme sa meilleure amie, inséparables, elles sont indissociables.
l’une ne va pas sans l’autre.
elle lui murmure au creux de l’oreille, ces mots doux qui lui font perdre la tête. elle enlace Âkkssa au moment propice. ces deux-là ont eu le temps de faire ample connaissance. intimement liées depuis des années.
il y a aussi cet autre ami qui reste férocement attaché.
celui qui la pousse à serrer les poings ; qui la pousse à serrer la mâchoire.
lui aussi, il reste dans son dos. a lui glisser de belles paroles, a se jouer d’elle. il fait d’Âkkssa son pion, pour qu’elle cède à ses tentations. alors elle frappe, fort, beaucoup trop fort. quand on la pousse à bout, quand on l’ennuie un peu trop, quand on se moque. parfois de simples coups modérés, qu’on pourrait qualifier d’amicaux. Âkkssa, elle est un peu trop brute sur les bords. parce que la violence s'en mèle.

c’est une tornade Âkkssa ; elle dévaste tout ce qu’elle touche du bout des doigts.
elle brise tous ceux qui osent la contrarier.
avec ses poings ; ou bien les mots.
parce qu’elle n’hésite pas à s’en servir comme d’une arme, ils sont parfois tranchants. finement aiguisés pour blesser. les mots sortent bien trop facilement. la vérité éclate souvent, pour heurter vos sentiments, pour vous bousculer, vous dégouter de sa présence.
elle est bien trop rude Âkkssa ; femme acide ; un peu trop franche sur les bords.
comme lorsqu’elle avait quitté le domicile familial ; à part Haïm et cet ingrat qui refuse de voir ses propres enfants, qui as-tu aimé sous ce toit ? était sorti beaucoup rapidement.
elle n’avait pas eu le temps de le contenir ; ni l’envie.
Le désir de blesser sa génitrice était bien trop fort ; irrépressible.
tu n’as que d’yeux pour ce qui pourrait t’être utile. je plains Haïm, parce que même Yaël que tu soi-disant aime, il n’arrivera à rattraper l’aîné.

mais ce que demandait simplement Âkkssa ; un seul désir ; celui qu’on lui prête attention.
que ces deux orbes de jais se posent sur elle ; qu’elle la remarque enfin.
ne pas être effacée ; ne plus être dans l’ombre de ses deux frères aînés.
juste un regard, un peu d’attention. peut-être même un sourire. ce quelque chose dont elle n’avait pas jamais eu le droit. son père les avait délaissés – par égoïsme et lâcheté – parti dans rien laisser. sa mère l’avait oubliée. elle essayait, encore, encore et encore. en vain. elle souhaitait simplement exister. ne pas être ignorée, délaissée.
chose banale entre les quatre murs de la maison Laspron.
dieu sait qu’elle ne s’en plaignait jamais ; elle faisait mine de ne pas être atteinte.
elle prenait sur elle sans mot dire ; Âkkssa faisait semblant. Bien trop souvent.

elle n’a pas l’habitude qu’on lui prête un peu d’attention.
surprise ; son expression change ; les émotions négatives comme balayées.
soudainement plus silencieuse.
presque méconnaissable, comme si la furie s’était changée. elle se calme, subitement. comme prise de court, parce que ça n’est pas dans ses habitudes. parce qu’elle n’a pas à se faire remarquer comme elle le fait habituellement.
ce n’est pas qu’une boule de nerfs.
elle a ces bons côtés ; profondément cachés sous ces airs de bête enragée.
un peu de douceur ; elle n’est pas qu’amertume et colère.
ces petits sourires fleurissent à la commissure de ses lèvres. peut-être timides, peut-être gênés. elle n’est pas habituée à ce genre de comportement. elle ne sait comment réagir, elle a ce temps d’adaptation.
parce qu'Âkkssa est habituée à être évitée ; parfois mise de côté.

mais Âkkssa, c’est lorsqu’elle est arrivée à Paris qu’elle s’est relevée de ses cendres. parce qu’elle a eu l’occasion de construire quelques liens qui lui ont permis de relever peu la tête.