v i o l e t t e
vous la dégoûtez
(elle vous hait parce que vous êtes faibles)
à vous délecter de cette  s o u m i s s i o n
comme si un monde meilleur n'était pas possible
violette
c'est elle
l'échine courbée
nettoyant votre humanité dégueulasse
(mais même au sol elle sait qu'elle est plus intelligente que vous)
dans ses yeux
brûlent
la révolte
la rébellion
elle est
les bombes qui font voler les pavés
elle est
le battement saccadé d'une génération
qui refuse de fléchir
(parce qu'il n'y a que la destruction pour sauver le monde)

elle vous fait face pourtant
avec ses jolies manières
sans un haussement de voix
sans une injure
(violette tu n'es qu'une fée les fées ne changent pas le monde)
elle joue de cette image de sa  r a c e
si frêle
(un coup de vent t'emporterait)
(je serai le coup de vent qui nettoiera le monde de votre stupidité)
si petite
qu'elle se fond dans l'ombre dans l'ignorance
dans votre mépris
pour mieux
vous couper la gorge
de ses serres de vautour
si pure
qu'on ne lit que l'empathie dans son regard menteur

pour elle il n'y a que le mouvement
(les camarades)
fidèle à y laisser sa peau
elle prendrait la place du chef dans le tombeau
(en pauvre fille prête à mourir sans être un martyr)
ses mains souvent se tâchent
sous leur étendard
parce qu'elle y croit dur comme fer
(ni patrie
ni maitre)
elle mettra le monde
à feu et à sang

ce sera elle
sans doute
quand la bourgeoisie agonisante entendra
sous elle
à chacun de ses pas
éclater le pavé des rues

(émile zola, germinal)